La science de la salmoniculture

L’avenir de la salmoniculture, qui est un secteur stratégique pour le Canada sur le plan économique, dépend entièrement de la qualité et de l’objectivité des connaissances scientifiques utilisées pour documenter les décisions qui régissent ce domaine, en termes de réglementation et de politiques.

La recherche scientifique est au cœur des innovations technologiques à l’origine de l’augmentation des rendements offrant une sécurité alimentaire et, par le fait même, de nouvelles possibilités pour stimuler les progrès de la médecine, pour lutter contre les changements climatiques et pour favoriser un environnement sain, de même que de nombreux autres éléments du quotidien que nous tenons pour acquis.

Grâce à une méthode de recherche avant tout fondée sur les faits ainsi que sur des données probantes, des scientifiques sont actuellement en quête de vérités objectives sur les relations existant entre les poissons et l’environnement dans lequel ces derniers vivent. Il s’agit d’un processus rigoureux, où des experts n’ayant pas d’idées préconçues peuvent débattre et se remettre mutuellement en question pour acquérir les meilleures connaissances. C’est pourquoi la recherche évaluée par les pairs revêt tellement d’importance, en raison de la rigueur et de la transparence appliquées au processus, pour s’assurer que les données sont passées à la loupe avant de servir de fondement à la réglementation et aux politiques.

La réglementation qui régit les salmoniculteurs du Canada est fondée sur la science; par conséquent, les aliments que nous produisons sont sécuritaires, de qualité supérieure et respectueux de l’environnement. Au fil du temps, la science a documenté les principaux éléments qui orientent la gouvernance, comme la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, le Règlement sur les activités d’aquaculture ainsi que la législation provinciale sur l’aquaculture et sur l’utilisation du territoire. Les salmoniculteurs respectent une série de règlements pris en vertu de la Loi sur les pêches. Ces règlements définissent l’approche à adopter dans toutes nos activités, qu’il s’agisse de la gestion des installations des fermes salmonicoles ou du suivi de la performance environnementale ou de l’échantillonnage, de la gestion des maladies, du changement d’habitat ou de la gestion de la contamination, pour ne nommer que ces facteurs.

Ce que dit la science

Au cours des 20 dernières années, des forums fédéraux et provinciaux ont passé en revue la littérature scientifique qui décrit en détail les avantages et les risques de la salmoniculture. Ces milieux de discussion se sont penchés sur tous les aspects de la salmoniculture; ils ont fait intervenir le milieu universitaire, des organisations non gouvernementales de l’environnement, des communautés des Premières Nations, des professionnels de l’aquaculture et des scientifiques spécialisés dans la pêche. Ces évaluations ont conclu que les conséquences étaient moins que minimales pour les salmonidés sauvages, c’est-à-dire la famille de poissons comprenant les sous-espèces de saumon, de truite, d’omble chevalier et de poisson blanc d’eau douce. Si l’on en venait à la conclusion qu’une ferme salmonicole ne respectait pas la réglementation gouvernementale, des mesures correctives seraient prises sur le champ.

Des évaluations officielles de la salmoniculture en Colombie-Britannique comprenaient les travaux de la Commission Cohen et le processus d’évaluation du Secrétariat canadien des avis scientifiques (SCAS), tous deux documentés par des centaines d’études évaluées par des pairs :
Commission Cohen (2011)

La Commission Cohen était une enquête judiciaire ayant pour mandat de se pencher sur le déclin des stocks de saumon rouge en 2009 dans le fleuve Fraser, en Colombie Britannique. Cette commission a conclu que « [traduction] … les données présentées pendant cette enquête n’ont pas démontré que les fermes salmonicoles avaient une incidence défavorable considérable sur le saumon sockeye du fleuve Fraser … » (Volume 3, page 24).

SCAS (2020)

La recommandation no 19 de la Commission Cohen demandait que Pêches et Océans Canada (MPO) réalise une étude, dans le but de déterminer si les fermes salmonicoles situées dans les îles Discovery en Colombie-Britannique constituaient une menace pour le saumon sauvage. Le MPO a réalisé neuf études évaluées par des pairs, ayant pour objet d’évaluer, du point de vue scientifique, les risques liés à la salmoniculture. Ces évaluations étaient fondées sur des centaines d’études individuelles, dont la réalisation s’était échelonnée sur plusieurs années, pour déterminer l’incidence des interactions entre le saumon du Pacifique et les agents pathogènes provenant des fermes salmonicoles. Ces évaluations ont conclu que les agents pathogènes trouvés dans les fermes d’élevage de saumon de l’Atlantique dans la région des îles Discovery ne posent qu’un risque minimal pour l’abondance et la diversité du saumon rouge dans le fleuve Fraser, compte tenu des pratiques actuelles de gestion de la santé des poissons. Bien que des agents pathogènes naturellement présents dans l’environnement puissent parfois avoir une incidence sur le saumon d’élevage, les salmoniculteurs canadiens ont recours aux meilleures pratiques et aux meilleures technologies pour assurer la santé et le bien-être du saumon d’élevage.

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Les Canadiens peuvent faire confiance aux faits et aux conseils de nature scientifique présentés par le Secrétariat canadien de consultation scientifique, l’organisme chargé de l’évaluation scientifique du ministère des Pêches et Océans.

- Le Dr Tony Farrell

Professeur et titulaire d’une chaire de recherche du Canada en physiologie, pisciculture et conservation des poissons à l’Université de la Colombie-Britannique.

Activisme contre science

La science se fonde sur la prémisse suivante : croire ce que l’on voit, non voir ce que l’on croit.

Dans le but de confirmer leurs croyances, certains militants peuvent choisir d’ignorer les faits qui entrent en contradiction avec leur système de croyances. Ils ne sont pas à l’aise avec les rigueurs de la science ni avec le rythme de la création de faits objectifs. Ils citent plutôt leurs opinions mutuelles comme s’il s’agissait de sources fiables. Ils « retweetent » dans de nouvelles histoires leurs hypothèses non prouvées. Ils répandent aussi des théories du complot pour inciter à douter des autorités fiables.

La promotion de récits ayant pour objectif de se conformer à un point de vue biaisé, comme priorité principale, mène à des allégations sensationnelles, fondées sur des recherches superficielles retenant davantage l’attention que les travaux consciencieux des scientifiques. L’activisme peut s’avérer efficace pour influer sur les perceptions du public, sur les partis politiques et, parfois, sur les politiques.

Par exemple, en décembre 2020, la ministre fédérale des Pêches, Bernadette Jordan, s’est inclinée devant les activistes qui ont exercé des pressions sur elle et a abruptement annulé 19 permis d’élevage de saumon en Colombie-Britannique. Un juge de la Cour fédérale a renversé cette décision en avril 2022 pour « manquement à l’équité procédurale » de la part de la ministre, qui avait omis de justifier les fermetures.

Un groupe de professeurs et de scientifiques des universités canadiennes, dirigé par le Dr Tony Farrell, professeur et titulaire d’une chaire de recherche du Canada en physiologie, pisciculture et conservation des poissons à l’Université de la Colombie-Britannique, a récemment contesté les activistes. Ce groupe a soutenu que les activistes ne tiennent pas compte de la science. S’exprimant au nom de huit autres scientifiques, le professeur Farrell a commencé son allocution en tenant les propos suivants : [traduction] « Nous sommes contraints de réagir, afin de prévenir la propagation de toute mésinformation. Les Canadiens peuvent faire confiance aux faits et aux conseils de nature scientifique présentés par le Secrétariat canadien de consultation scientifique, l’organisme chargé de l’évaluation scientifique du ministère des Pêches et Océans. »

La science doit nous guider pour l’avenir

Les salmoniculteurs offrent un soutien financier solide et constant aux chercheurs du MPO et à des chercheurs indépendants. L’aquaculture va jouer un rôle de plus en plus important pour faire en sorte que les Canadiens aient accès à des aliments sains, sécuritaires et durables.

Le secteur de la salmoniculture est fermement résolu à s’améliorer de manière constante. Si les conclusions scientifiques vont dans le sens de la nécessité d’effectuer des changements pour gérer les risques environnementaux, le milieu de la salmoniculture va réagir, comme il l’a toujours fait, en ayant recours à l’innovation technologique pour régler les problèmes. Le secteur a besoin d’un organisme de réglementation fort et stable, pouvant compter sur des ressources fiables en matière d’évaluation scientifique, afin de continuer à investir à long terme.

Alors que nous allons de l’avant pour réaliser le potentiel de la salmoniculture au Canada, les gouvernements doivent défendre l’intégrité de la science comme fondement de l’évaluation rigoureuse des faits objectifs qui façonnent nos systèmes de réglementation.

Un avenir fondé sur la science est un avenir prometteur pour la salmoniculture.