Salmon Wars

Le monde consomme plus de fruits de mer d’élevage, et le Canada est sur le point de devenir un chef de file mondial en fournissant ces aliments salubres, sécuritaires et durables.

Toutefois, la hausse de la demande pour le saumon en tant que poisson préféré des Canadiens a aussi entraîné une intensification de la désinformation sur la salmoniculture. Cette désinformation met à risque ce moteur essentiel de la croissance économique dans les communautés côtières.

Il y a actuellement une conversation importante sur les meilleures approches à adopter pour développer la salmoniculture le long des littoraux des océans du Canada, mais des histoires, comme la lettre ouverte publiée récemment dans le Globe & Mail, intitulée “The state of Canada’s beloved salmon has become awfully fishy”, servent peu l’intérêt public, étant donné que cette histoire substitue la fiction aux faits, en ne tenant pas compte des informations scientifiques révisées par les pairs, mais en accordant la préférence à la rhétorique militante, qui ne repose sur aucune donnée probante.

Salmon Wars, le nouveau livre des auteurs, est une représentation inexacte d’un secteur de l’aquaculture très novateur, qui s’avère essentiel pour nourrir les Canadiens et le reste du monde. Les militants livrent actuellement une guerre contre la science. Les militants préféreraient que l’on prenne des décisions en se fondant sur la politique, sur des anecdotes et sur des présentations fallacieuses éhontées. Enfin, la thèse de ce livre fait valoir des arguments fondés sur des faits tirés des titres de nouvelles choquants et d’anciennes études discréditées.

La lettre ouverte dont il est question ci-dessus décrit un environnement opérationnel entourant les fermes marines ainsi que le poisson élevé dans ces fermes qu’aucun salmoniculteur de l’une des régions côtières du Canada ne reconnaîtrait. Les salmoniculteurs savent que les conditions parfaites des cages marines sont essentielles à la production de saumon de qualité supérieure. Les salmoniculteurs gardent les densités de peuplement faibles. Les saumons occupent actuellement moins de 4 % de l’espace d’une cage marine en mer ouverte, laissant jusqu’à 96 % de l’espace libre, de façon à ce que les poissons puissent reproduire les conditions de vie en milieu naturel. Le saumon d’élevage est aussi complètement traçable, de l’œuf à l’assiette, contrairement à d’autres formes de saumon d’élevage à l’extérieur du Canada.

Tant sur la côte Est que sur la côte Ouest, les salmoniculteurs respectent les exigences réglementaires fédérales et provinciales, y compris la Loi sur les pêches, le Règlement sur les activités d’aquaculture, la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale ainsi que la législation provinciale sur l’aquaculture et sur l’utilisation des terres. On choisit soigneusement l’emplacement des fermes, afin de s’assurer de protéger les espèces et les habitats sensibles. Les salmoniculteurs utilisent des caméras sous-marines dans le but de mieux distribuer la nourriture; ils exercent un suivi minutieux sur le plancher océanique. De plus, comme on le fait pour les champs des fermiers, on laisse un temps de repos aux sites avant de commencer un nouvel élevage.

Toute ferme salmonicole exploitée de la manière décrite dans la lettre ouverte susmentionnée serait immédiatement fermée. Une deuxième assertion inexacte implique le taux de survie du saumon d’élevage. Bien que les mortalités à grande échelle soient des événements rares, mais bouleversants pour les salmoniculteurs, elles sont le plus souvent attribuables à des pressions environnementales se produisant naturellement, comme des proliférations de plancton nuisibles ou des faibles niveaux d’oxygène dissous. En Colombie-Britannique, les données scientifiques sur cet enjeu démontrent que moins de 1 % des décès du saumon d’élevage sont attribuables à une maladie qui peut aussi s’avérer infectieuse pour le saumon sauvage du Pacifique.

De même, l’article propose des comparaisons fallacieuses quant aux taux de mortalité annuels du saumon d’élevage, affirmant qu’il est de 15 %, ce qui est de beaucoup supérieur au taux […] de 5 % pour les poulets. » Les chiffres sont exacts, mais le contexte est inexact, étant donné que le saumon vit dans une ferme de 1,5 an à 2 ans, alors qu’un poulet à griller se retrouve dans une rôtisserie au cours d’une période de 45 jours. Comparer des saumons avec des poulets, c’est comme comparer des pommes avec des oranges.

Les auteurs font également référence aux îles Discovery de la Colombie-Britannique, qu’ils présentent comme un exemple de situation où le gouvernement « a refusé de renouveler le permis de 19 fermes réputées être une menace pour le saumon du Pacifique », mais ils ne tiennent pas compte du fait qu’un juge de la Cour fédérale a renversé cette décision plus tôt cette année, parce que l’ancienne ministre fédérale de Pêches et Océans n’a pas respecté « l’équité procédurale » lorsqu’elle a omis de fournir une raison justifiant les fermetures, ne tenant pas compte des données scientifiques sur cet enjeu ni même de l’opinion de ses propres scientifiques.

On constate encore cette tendance inquiétante aujourd’hui, alors que le comité permanent des pêches et des océans [de la Chambre des communes] accorde une place influente à des militants branchés sur le milieu politique, afin que l’on tienne des audiences sur l’avenir de l’aquaculture, qui répandent des nouvelles non fondées sur des complots relatifs aux travaux de scientifiques respectés. Aucun des 49 témoins qui vont comparaître devant le comité n’est un vétérinaire spécialiste de la santé du poisson habilité à exprimer un point de vue réel sur ces enjeux.

Au Canada, la salmoniculture est une industrie essentielle, en pleine croissance, qui offre une sécurité alimentaire et des aliments sains à des millions de personnes, ainsi que du travail à des milliers de Canadiens. Cette industrie accélère l’innovation dans tous les volets de ses activités, en tant que l’une des formes de production d’aliments les plus durables. Nos engagements nationaux quant aux résultats démontrent notre détermination à exceller en matière de durabilité; nous allons continuer à travailler avec les parties prenantes afin de décrire avec transparence nos obligations de rendre des comptes.

Il est en effet « louche » que cette ressource naturelle remarquable, qui fait du Canada un chef de file, doive constamment lutter contre les fausses informations colportées par des militants, alors que la science est claire quant à la valeur qu’elle représente pour les Canadiens.