Un nouveau livre qui prétend avoir fait une « incursion profonde » dans la salmoniculture mondiale n’a rien fait de plus que de répéter les allégations erronées et les informations périmées que l’on peut trouver en faisant une recherche rapide dans les titres de pages Internet et dans les billets de blogues.
Les auteurs de Salmon Wars sont les Américains Douglas Frantz et Catherine Collins. L’Alliance de l’industrie canadienne de l’aquaculture (AICA) et d’autres partenaires ont identifié de nombreuses erreurs et faussetés qui remettent en question les conclusions des auteurs.
« Le nouveau livre Salmon Wars de ces auteurs, de même que leur campagne de presse, présentent de manière manifestement erronée un secteur de l’aquaculture très novateur, qui fournit des emplois et des aliments essentiels aux Canadiens et au reste du monde, déclare Timothy Kennedy, président et chef de la direction de l’Alliance de l’industrie canadienne de l’aquaculture. Les auteurs n’ont fait aucun effort pour raconter l’histoire d’un secteur en constante transformation, qui améliore continuellement ses résultats; ils se sont plutôt fondés sur des études dépassées ainsi que sur de vieilles anecdotes, qui ont peu à voir avec l’industrie et les produits de saumon actuels. »
Plus de 14 500 Canadiens contribuent à la croissance du poisson le plus populaire, le saumon.
« À une époque où les changements climatiques, le prix des aliments et la sécurité alimentaire arrivent en tête de liste des préoccupations, les consommateurs devraient se poser des questions cruciales sur les aliments qu’ils consomment. Ce livre n’a pas réussi à répondre à ces questions; il n’a plutôt fait que répéter les propos des militants s’opposant à la salmoniculture et est tombé dans le piège à clics, en reproduisant des titres vus il y a plus de 20 ans. »
À l’échelle mondiale, la demande pour le poisson et les fruits de mer est supérieure à la demande pour tous les autres aliments. On prévoit que d’ici 2050, la demande pour le poisson et les fruits de mer va presque doubler par rapport à la demande actuelle. La salmoniculture a des retombées positives importantes pour le Canada; elle contribue au développement économique des communautés côtières, en offrant des aliments salubres, sécuritaires et durables ainsi qu’en proposant des repas sains aux familles canadiennes.
Voici, à l’intention des millions de Canadiens qui veulent connaître les faits sur leur poisson préféré et qui méritent de les connaître, 10 allégations faites par les auteurs de Salmon Wars qui ont besoin d’être corrigées :
FICTION: Les saumons sont entassés dans des cages : « vingt-sept saumons grandeur nature dans une baignoire ».
FAIT: Au Canada, dans une ferme typique, la densité d’empoissonnement varie entre 2,5 et 4 %. On maintient des densités d’empoissonnement à un niveau faible, de manière à ce que les poissons aient suffisamment d’espace pour nager, croître et reproduire les conditions de vie en milieu naturel. Si l’on reprend l’analogie de la baignoire suggérée par les auteurs et si l’on applique la densité d’empoissonnement actuelle – qui varie entre 25 kg et 40 kg/m3 – il y aurait un saumon dans le contenu en eau de deux baignoires. Soutenir que, dans les fermes salmonicoles, la densité d’empoissonnement est l’équivalent de « 27 poissons dans une baignoire » est tout simplement faux – il s’agit là d’une grossière exagération.
FICTION: Une règle de 36 pouces a été photographiée à 32 pouces de profondeur dans des « boues toxiques » sous une ferme.
FAIT: Malgré le fait que l’image à laquelle les auteurs font référence ne puisse faire l’objet d’une vérification, le fait est qu’une ferme salmonicole de l’ère moderne n’aurait pas le droit d’être exploitée si des matières organiques (p. ex. : des déchets de poissons) devaient se déposer à cette profondeur. Une bonne partie du fond de l’océan en profondeur est constituée d’une épaisse couche boueuse de matières organiques en décomposition; c’est la raison pour laquelle les biologistes professionnels n’utilisent pas de règle de 36 pouces pour mesurer les dépôts de matières organiques autour des sites d’aquaculture.
Les salmoniculteurs savent que des conditions marines parfaites sont essentielles pour produire du saumon de qualité supérieure; c’est pour cette raison que les fermes salmonicoles sont adéquatement situées dans des zones qui permettent l’assimilation naturelle des déchets de poissons organiques et que les granulés font l’objet d’un suivi étroit au moyen de caméras sous-marines.
FICTION: Le saumon d’élevage est inondé de pesticides et d’antibiotiques.
FAIT: L’usage d’antibiotiques dans les fermes salmonicoles est beaucoup plus faible que dans tout autre secteur de production animale dans le monde. Dans des cas rares, lorsque le traitement s’avère nécessaire, des antibiotiques sont prescrits par des vétérinaires brevetés, qui exercent une supervision sous le contrôle des organismes de réglementation gouvernementaux.
FICTION: Le saumon d’élevage renferme des niveaux dangereux de biphényles polychlorés (BPC) et d’autres contaminants.
FAIT: Tous les aliments renferment des contaminants indésirables à l’état de traces; le saumon d’élevage contient des niveaux de BPC inférieurs à ceux des aliments couramment consommés comme le bœuf, le poulet, les œufs et le beurre. Les BPC à l’état de traces présents dans le saumon d’élevage ne constituent pas une menace pour la santé humaine; ils répondent aux normes fixées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, la Food and Drug Administration des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé en matière de sécurité alimentaire et de normes nutritionnelles, ou les dépassent – il s’agit là d’une conclusion soutenue par des études évaluées par les pairs et publiées.
L’étude de 2004 citée à répétition par les auteurs de Salmon Wars a été fortement critiquée en raison de ses erreurs, dont un mauvais échantillonnage, une application inadéquate des lignes directrices de l’Environmental Protection Agency (EPA) et le défaut de comparer les niveaux de contaminants dans des saumons de la même espèce. Toutefois, même cette étude erronée faisait état de niveaux de BPC bien inférieurs aux niveaux réglementés.
FICTION: On établit normalement les fermes le long des voies de migration du saumon sauvage.
FAIT: En vertu de la réglementation, les fermes salmonicoles sont situées loin des rivières à saumon sauvage et d’autres zones sensibles. Area Bay Management (ABM) ainsi que la gestion temporelle pour limiter les interactions potentielles sont les principaux outils qu’utilisent les salmoniculteurs. Dans le cas de certaines fermes, l’emplacement du site a été choisi il y a des dizaines années, en ayant recours aux renseignements et à la technologie disponibles à l’époque. Les nouveaux emplacements sont choisis en fonction des données scientifiques, des connaissances et de la technologie actuelles.
FICTION: Entre 15 et 20 % de l’ensemble des saumons d’élevage meurent avant d’être pêchés, alors que le taux de mortalité moyen des poulets est de 5 %.
FAIT: Les auteurs de Salmon Wars ignorent facilement le taux de retour du saumon atlantique dans la nature, qui est aussi faible que 5 %. Cela signifie que le saumon d’élevage a un taux de survie 17 fois plus élevé que le saumon sauvage au cours de la période de deux ans correspondant à son élevage. Les poulets à griller vivent généralement moins de deux mois, ce qui revient au mieux à comparer des pommes avec des oranges.
FICTION: Les saumons d’élevage répandent les poux de mer sur les saumons sauvages, tuant ainsi des quantités importantes de jeunes saumons sauvages.
FAIT: Les saumons d’élevage entrent dans l’océan sans poux de mer (les poux de mer sont de petits ectoparasites naturellement présents sur de nombreux poissons marins) avant de recevoir des poux de mer provenant d’espèces sauvages. Malgré le fait que les fermes salmonicoles sont reconnues comme étant une source additionnelle potentielle de poux de mer pour les salmonidés sauvages, la lutte antiparasitaire efficace et réglementée dans les fermes peut réduire ou éliminer ce risque. Par exemple, en Colombie-Britannique, il a été déterminé que les fermes salmonicoles n’influent pas sur les niveaux de poux de mer sur les poissons sauvages, selon une recherche annuelle qui exerce un suivi sur la prévalence de poux de mer sur les saumons sauvages, à proximité et loin des fermes salmonicoles.
FICTION: Le saumon d’élevage a introduit l’anémie infectieuse du saumon (AIS) et l’orthoréovirus pisciaire (RVP) dans les populations de saumon sockeye sauvage dans le Nord-Ouest du Pacifique.
FAIT: Les fermes salmonicoles n’ont introduit ni l’AIS ni le RVP dans le Nord-Ouest du Pacifique. En 2011, des tests effectués par des chercheurs du gouvernement ont permis de conclure qu’il n’y avait aucun cas d’AIS au sein de la population de saumon dans le Nord-Ouest du Pacifique. Les cas de RVP dans le saumon sauvage sont antérieurs à l’arrivée du saumon d’élevage; en effet, une étude réalisée en 2015 a trouvé des cas de RVP dans le saumon du Nord-Ouest du Pacifique en remontant aussi loin que dans les années 1970. Le RVP et l’AIS n’ont aucune incidence sur la santé humaine.
FICTION: Le saumon atlantique fuit et se reproduit avec le saumon du Pacifique.
FAIT: Le saumon d’élevage atlantique est génétiquement distinct du saumon sauvage du Pacifique, ce qui fait qu’il est extrêmement peu probable qu’il y ait des croisements entre les deux espèces. Aucun cas de croisement naturel de ce type n’a encore été enregistré. Les salmoniculteurs sont très motivés à empêcher leur stock de poissons de s’enfuir, et de nos jours, les événements liés à des fuites sont rares. En cas de fuite de leur enclos, les saumons domestiqués sont peu adaptés à un environnement sauvage et ne survivent généralement pas suffisamment longtemps pour apprendre à chercher des proies.
FICTION: À l’instar des « grandes sociétés productrices de tabac » et des « grandes agroentreprises », les « grandes sociétés d’élevage de poisson » ont recours à des campagnes de relations publiques et à des campagnes militant contre la science pour minimiser leurs problèmes.
FAIT: Les salmoniculteurs vont corriger les renseignements erronés et fournir des renseignements à jour sur leurs activités. Ils participent activement à des études scientifiques spécifiques sur la nutrition et sur l’écologie, car ce sont leurs saumons et leurs données qui contribuent à stimuler leurs activités, et aussi parce qu’ils sont fermement résolus à collaborer avec des experts du milieu scientifique et avec d’autres professionnels.
Les auteurs de Salmon Wars prétendent que toute recherche ne correspondant pas à leur trame narrative est viciée, biaisée ou guidée par le financement. En revanche, toute recherche qui appuie leur rame narrative est présentée comme étant honnête, digne de foi et non orientée par le financement. La pratique du cherry-picking dans le domaine scientifique afin de soutenir une trame narrative n’est pas une pratique exemplaire, et les salmoniculteurs canadiens vont continuer à prendre en considération l’ensemble des données scientifiques évaluées par les pairs ainsi que le savoir traditionnel local pour les aider dans l’orientation de leurs activités.